6 Ocak 2011 Perşembe

Capitale Européenne de la Culture 2010 (!)

Pendant que je faisais du zapping sans trop penser à ce que je regardais, j’ai été tout un coup énervé par une annonce publicitaire que j’ai croisée sur une des chaînes. La pub était sur le fait qu’Istanbul fut la Capitale européenne de la culture en 2010. Elle évoquait İstanbul comme une mosaïque de cultures, en remerciant à tout le monde  ayant contribué à ce succès (!). La pub reflétait une grande confidence en soi ; mais elle était en même temps révoltante, puisqu’irrespectueux au point d’utiliser les images de la Gare Haydarpaşa, récemment ravagée par un incendie douteux.
   
Alors que l’année 2010, qui fut très courte ou très longue selon les avis, prenait fin, une question a commencé à hanter mon esprit. L’année passée, nous fûmes capitale européenne de la culture. Mais, au juste, qu’est-ce que nous avons vu, qu’est-ce que nous avons senti et aux quels événements culturels nous avons participé ? Quelles étaient nos contributions à ces événements réalisés au nom de la culture.

En pensant à tout cela, j’avais bien sûr la conscience qu’il ne fallait pas seulement s’énerver aux responsables mais aussi regarder un peu dans la glace. Nous, qui vivons dans l’une des villes les plus chères au monde où il est difficile de vivre, consacrons très peu de temps à la culture; combien d’entre nous se rendent toujours au cinéma pour regarder un film, combien d’entre nous achète toujours l’original d’un album, combien d’entre nous est abonné au revues mensuels qui, faute de moyen, ne sont publiés que tous les deux mois, en masquant cette délicate situation derrière les prétendues éditions spéciales ?

Dans ce cadre, il est évident que les activités au tour de l’année de la capitale culturelle n’ont pas attiré l’attention de plus de personnes que les habitués aux événements culturels. Alors, à quoi bon consacrer toute une année à la culture? Comment cela a contribué à notre pays? Ce sont là quelques questions que nous nous posons très souvent. Mais à part quelques critiques générales, personne n’a encore écrit un pamphlet détaillé là-dessus. Ce fait non plus ne doit pas nous choquer puisque négligence est une marque de fabrique de notre pays.

Quant à moi, je fus un spectateur discret pendant la première moitié de l’année 2010. Je dois avouer que j’ai voulu donner une chance, malgré toutes les choses négatives que j’ai vues autour de moi. Les mois se sont succédés ; mais on a vu rien de concret surgir: sauf un bureau chic dans le Passage Atlas, sur la rue Istiklal; des personnalités donnant l’impression de beaucoup travailler, et le logo de couleur turquoise que nous avons rencontré un peu partout dans la ville.

Entre-temps, j’ai consacré un peu de temps à voir ce que les autres villes européennes ont fait pendant qu’elles furent capitale culturelle. J’ai aperçu que ce que nous avons fait est minuscule comparé à ce que Linz et Liverpool en 2008 ont fait au nom de la culture. Je sais bien que nous ne faisons pas encore partie de l’Union européenne et par conséquent une comparaison peut s’avérer injuste, et il ne faut jamais critiquer sans connaître l’arrière plan des histoires. 

Nous sommes maintenant au milieu d’un processus dans lequel certains parlent comme si tout fut parfait et que la seule chose que nous pouvons est de regarder impassible et dans l’angoisse. Cette pub va probablement tourner encore quelques mois et le fameux logo sera certainement visible encore quelques années sur les murs de notre ville. 

Au début de l’année, je pensais qu’en honneur de la capitale culturelle, le Festival du Film d’Istanbul pourrait avoir lieu dans la salle Emek, alors que son tout contraire s’est produit. La mauvaise nouvelle sur la prochaine démolition de cette salle circulait. Lors du festival, la principale volonté des participants était de voir cette salle servir du nouveau les cinéphiles, cette salle dont la valeur symbolique est incontestable pour les habitants de cette ville. Au lendemain de la clôture du festival, des centaines d’acteurs, de producteurs, de scénaristes ou de simples citoyens étaient rassemblés devant cette salle en évoquant leurs beaux souvenirs, les films regardés avec des petits-amis… A la fin de l’année, la seule chose que nous connaissons, c’est que le bâtiment  ne sera pas démolie tout de suite…c’est tout.

Ce fut également une année étrange concernant les spectacles et les théâtres. On a eu l’occasion d’aller voir plusieurs pièces agréables. Je peux même dire que ce fut une année propice pour le théâtre. Mais dire que ce fut une année radicalement meilleure par rapport aux précédentes serait injurieux. En fait, cette année fut difficile pour certaines troupes indépendantes. Je pense tout d’abord à Kumbaracı 50 qui mettait en scène uniquement leurs propres pièces. Leur jeu intitulé “Lèches mais n’avales pas” a été d’abord critiqué par les médias conservateurs. Ensuite, la salle fut fermée par la municipalité sur la base des « manquements » de la salle. Tout cela, pendant que le Centre culturel Atatürk (AKM), qui a vu monter sur scène tant d’artistes du théâtre, du ballet et de l’opéra, n’est toujours rien qu’un bâtiment fantôme au milieu de la place Taksim. 
Ce fut une année difficile pour l’art indépendant aussi. Certaines galeries d’art à Tophane on été attaquées par une horde accusant les participants aux vernissages de gêner les riverains car ils consommaient de l’alcool sur le trottoir devant les galeries. Les vitres des galeries ont été brisées, les invités ont été agressés… Finalement une voiture de police a été stationnée sur cette rue pendant une semaine et le Ministre de la culture et du tourisme a visité les galeries attaquées.
  
N’oublions pas les réussites de l’Agence de la capitale européenne de la culture 2010. Par exemple: le concert Alphaville. Mes amis se sont longtemps moqués du lieu du concert et du fait qu’il fut gratuit. Appeler l’un des groupes les plus fameux des années 1980 et de les faire monter sur scène à Ümraniye…accompagné de la chanteuse Atiye. Coupler cela avec un concert simultané de Ferhat Göçer à Berlin. Cela est certes quelque chose que peu de personne pourrait imaginer.

A part cela, l’agence à contribué à certains projets de films jusqu’à 4 millions de livres turques. Il suffit de consulter n’importe quel site sur le cinéma pour s’apercevoir qu’ils ont été regardés moins que plusieurs films accusés de n’avoir aucune valeur parce que trop peu de gens les a vus.

En écrivant ces lignes, je jette un coup d’œil au site internet de l’Agence de la capitale européenne de la culture 2010. Il nous informe d’une manière détaillée en écrivant tous ce qu’ils ont fait.  Un simple coup d’œil est suffisant pour comprendre combien la plupart des gens qui travaille au sein de cette agence sont précieux. Mais on se demande pourquoi ils ont resté tellement passifs durant toute cette année, pourquoi ils ont uniquement pensé à apposer des collants aux avions, pourquoi ils ont organisé des événements que personne n’a participé, pourquoi ils ont contribué aux films qu’ils ont contribué, alors qu’ils ont, à portée de main, plusieurs producteurs ou scénaristes de valeur.

Entouré de ces pensées, il est impossible de ne pas penser combien nous avons avancé ou régressé pendant une longue année, les critiques que nous avons accumulées et qui resurgissent avec une étincelle.

Oui, les pubs peuvent dire qu’on a passé une année plein de succès en tant que capitale culturelle. Ils peuvent même avoir raison de leur propre perspective, puisque certains ont bien profité des fonds.   

Disons “bienvenue” à une nouvelle année pleine de culture, où nous ne serons pas écrasés sous des titres comme “capitale européenne de la culture”. 

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